Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/233

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SOIXANTE DEUXIESME NOUVELLE


Une Damoiselle, faisant sous le nom d’une autre un conte à quelque grande Dame, se coupa si lourdement que son honneur en demeura tellement taché que jamais elle ne le peut réparer.


u temps du Roy François premier y avoyt une Dame du sang roial, accompaignée d’honneur, de vertu & de beaulté, & qui sçavoit bien dire ung compte & de bonne grace, & en rire aussy quant on luy en disoyt quelcun. Ceste Dame estant en l’une de ses maisons, tous ses subgects & voisins la vindrent veoir pour ce qu’elle estoit autant aymée que femme pourroit estre.

Entre aultres vint une Damoiselle, qui escoutoit que chacun luy disoit tous les comptes qu’ilz pensoient pour luy faire passer le temps. Elle s’advisa qu’elle n’en feroyt moins que les aultres, & luy