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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/261

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LXVJe NOUVELLE

ce qu’elle cherchoit &, en les recognoissant, se gecta à genoulx, les supliant luy pardonner la faulte qu’elle avoyt faicte de leur oster leur repos.

Mais Monsieur de Vendosme, non contant d’en sçavoir si peu, se leva incontinant & pria la vieille de luy dire pour qui elle les avoyt prins, ce que soubdain ne voulut dire ; mais en fin, après avoir prins son serment de ne jamais le révéler, luy declara que c’estoit une Damoiselle de céans dont ung Prothonotaire estoit amoureux & que long temps elle y avoyt faict le guet, pour ce qu’il luy desplaisoyt que sa maistresse se confiast en ung homme qui luy pourchassoyt ceste honte. Ainsy laissa les Prince & Princesse enfermez comme elle les avoyt trouvez, qui furent long temps à rire de leur adventure, &, combien qu’ilz ayent racompté l’histoire, si est ce que jamais ne voulurent nommer personne à qui elle touchast.


« Voilà mes Dames, comme la bonne dame, cuydant faire une belle justice, déclara aux Princes estrangiers ce que jamais les varletz privez de la maison n’avoient entendu.

— Je me doubte bien », dist Parlamente, « en quelle maison c’est, & qui est le Prothonotaire, car il a gouverné desjà assez de maisons de dames, &, quant il ne peult avoir la grace de la maistresse, il ne fault poinct de l’avoir de l’une des Damoiselles, mais au demorant il est honneste & homme de bien.