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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/262

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VIJe JOURNÉE

— Pourquoy dictes vous au demeurant », dist Hircan, « veu que c’est l’acte qu’il face dont je l’estime autant homme de bien ? »

Parlamente luy respondit : « Je voy bien que vous congnoissez la malladye & le patient, & que, s’il avoyt besoing d’excuse, vous ne luy fauldriez d’avocat ; mais, si est ce que je ne me vouldroys fier en la manière d’un homme qui n’a sçeu conduire la sienne sans que les Chamberières en eussent congnoissance.

— Et pensez vous », dist Nomerfide, « que les hommes se soucient que l’on le sçache, mais qu’ilz viennent à leur fin ? Croiez, quant nul n’en parleroit que eulx mesmes, encores fauldroyt il qu’il fust sceu. »

Hircan leur dist en collère : « Il n’est pas besoing que les hommes ayent dict tout ce qu’ilz sçavent. »

Mais elle, rougissant, luy respondit : « Peut estre qu’ilz ne diroient chose à leur advantage.

— Il semble, à vous oyr parler », dist Symontault, « que les hommes prennent plaisir à oyr mal dire des femmes, & suys seur que vous me tenez de ce nombre là. Par quoy j’ay grande envye d’en dire bien d’une afin de n’estre de tous les autres tenuz pour mesdisant.

— Je vous donne ma place », dist Ennasuicte, « vous priant de contraindre vostre naturel pour faire vostre debvoir à nostre honneur. »

À l’heure Simontault commencea :

« Ce n’est chose si nouvelle, mes Dames, d’oyr dire de vous quelque acte vertueulx qui me semble ne debvoir estre celé, mais plus tost escript en lettres d’or, afin de servir aux femmes d’exemple & aux