Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/265

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SOIXANTE SEPTIEME NOUVELLE


Une pauvre femme, pour sauver la vie de son mary, hasarda la sienne & ne l’abandonna jusqu’à la mort.


’est que, faisant le dict Robertval ung voiage sur la mer, duquel il estoyt chef par le commandement du Roy son maistre, en l’isle de Canadas, auquel lieu avoyt délibéré, si l’air du païs eust esté commode, de demeurer & faire villes & chasteaux, en quoy il fit tel commencement que chacun peut sçavoir &, pour habiter le pays de Chrestiens, mena avecq luy de toutes sortes d’artisans, entre lesquelz y avoit ung homme qui fut si malheureux qu’il trahit son maistre & le mist en dangier d’estre prins des gens du pays. Mais Dieu voulut que son entreprinse fût si tost congneue qu’elle ne peut nuyre au Cappitaine Robertval, lequel feit prendre