Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/27

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QUARANTE DEUXIESME NOUVELLE


Un jeune Prince meit son affection en une fille, de laquelle, combien qu’elle fût de bas & pauvre lieu, ne peut jamais obtenir ce qu’il en avoyt espéré, quelque poursuite qu’il en feit, par quoy le Prince, connoissant sa vertu & honnesteté, laissa son entreprise, l’eut toute sa vie en bonne estime & luy feit de grands biens, la maryant avec un sien serviteur.


n une des meilleures Villes de Touraine demouroyt ung Seigneur de grande & bonne Maison, lequel y avoyt esté nourry de sa grande jeunesse. Des perfections, graces, beaulté & grandes vertuz de ce jeune Prince ne vous en diray aultre chose, sinon que en son temps ne trouva jamays son pareil. Estant en l’aage de quinze ans, il prenoyt plus de plaisir à courir & chasser que non pas regarder les belles Dames.

Un jour, estant en une église, regarda une jeune fille laquelle avoyt aultresfois en son enffance esté