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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/279

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LXIXe NOUVELLE

bonne dilligence pour trouver ceste nouvelle Chamberière. En voiant son mary le sarot en la teste & le belluteau entre ses mains, se print si fort à rire, en frappant des mains, que à peyne luy peut elle dire : « Goujate, combien veulx tu par moys de ton labeur ? » Le mary, oiant ceste voix & congnoissant qu’il estoyt trompé, gecta par terre ce qu’il portoyt & tenoyt, pour courir sus à la Chamberière, l’appellant mille foys meschante, &, si la femme ne se fût mise au devant, il l’eut payée de son quartier. Toutesfoys le tout s’appaisa au contentement des partyes, & puis vesquirent ensemble sans querelles.


« Que dictes vous, mes dames, de ceste femme ? N’estoyt-elle pas bien sage de passer tout son temps du passetemps de son mary ?

— Ce n’est pas passetemps », dist Saffredent, « pour le mary d’avoir failly à son entreprinse.

— Je croy », dist Ennasuicte, « qu’il eut plus de plaisir de rire avecq sa femme que de se aller tuer, en l’aage où il estoyt, avecq sa Chamberière.

— Si me fascheroyt il bien fort », dist Simontault, « que l’on me trouvast avecq ce beau cresmcau.

— J’ay oy dire », dist Parlamente, « qu’il n’a pas tenu à vostre femme qu’elle ne vous ayt trouvé bien près de cest habillement, quelque finesse que vous ayez, d’ont oncques puis elle n’eut repos.

— Contentez vous des fortunes de vostre Maison », dist Simontault, « sans venir chercher les myennes,