quiers, que si en avez le moindre sentiment de soupson qui puisse estre, que vous le me dictes, à celle fin que je y donne tel ordre que nostre amityé, qui a tant duré, ne se rompe pour une femme. Car, quant je l’aymerois plus que toutes les choses du Monde, si ne parlerois je jamais à elle, pource que je préfère vostre honneur à tout aultre. »
Son compaignon lui jura, par tous les graves sermens qu’i luy fut possible, que jamais n’y avoyt pensé, & le pria de faire en sa maison comme il avoyt accoustumé.
L’autre luy respondit :
« Je le feray, mais je vous prie que après cela, si vous avez oppinion de moy & que le me dissimullez ou que le trouvez mauvais, je ne demeureray jamais en vostre compaignye. »
Au bout de quelque temps qu’ilz vivoient tous deux comme ilz avoient accoustumé, le Gentil homme maryé rentra en soupson plus que jamais & commanda à sa femme qu’elle ne luy feit plus le visaige qu’elle luy faisoyt, ce qu’elle dist au compaignon de son mary, le priant de luy mesmes se voulloir abstenir de parler plus à elle, car elle avoyt commandement d’en faire autant de luy.
Le Gentil homme entendant, par la parolle d’elle & par quelques contenances qu’il voyoit