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DE LA R. DE NAVARRE

A chascun pas, de l’esperit troublé,
Du cœur transy & du corps affoibly,
Et ne mectés le triste œil en oubly ;
Souvieigne vous de la parfaicte amour,
Qui durera sans cesser nuict & jour,
Qui a dens moy si bien painct vostre ymaige
Que je n’ay riens sinon vostre visaige,
Vostre parler, vostre regard tant doulx,
Devant mes yeulx ; bref, je n’y ay que vous ;
Vous suppliant, o amye estimée,
Plus que nulle aultre & de moy tant aymée,
Souvieigne vous, d’immortel souvenir,
De vostre amy, & le vueillés tenir
Dens vostre cœur seul amy & parfaict,
Ainsi que vous dedens le sien il faict.

Folio 117 verso à 118 verso.
FRAGMENT.

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O prompt à croire & tardif à sçavoir
Le vray, qui tant clairement se peult veoir,
A vostre cœur reçeu telle pensée
Qu’à tousjamais j’en demeure offencée ?
Est il entré dans vostre entendement,
Que dans mon cœur y ait un aultre amant ?
Hélas ! mon Dieu, avez vous bien peu croire
Qu’aultre que vous puisse estre en ma mémoire ?
Est il possible ? A mensonge crédit
En vostre endroict, ainsi que l’avez dit ?
Pouvez vous bien le croire & le celer