Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
LES FARCES

après le milieu du XVIe siècle. Marguerite est antérieure, &, si Malingre est bien de son temps, Bèze ne vient qu’à sa suite.

IV. Les Farces de Marguerite sont au nombre de quatre. Deux seulement, les moins périlleuses, une qui ne touche en rien la religion & une autre très entortillée, ont été imprimées du vivant de leur auteur dans les Marguerites de la Marguerite. Les deux autres, restées inédites jusqu’à nos jours, ont été données par M. Le Roux de Lincy. Toutes quatre se trouvent dans le manuscrit de ses Poésies (Voir I, 189), & nous les y avons collationnées.

J’ai dit quatre Farces, & non pas six. Il a paru pourtant en 1856 (Paris, Auguste Aubry, in-8o de 35 pages) « deux Farces inédites attribuées à la reine Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, publiées avec une préface & des notes par Louis Lacour ».

Les deux dialogues à deux personnages, Clément & Catherine, sont charmants de tous points, du style le plus fin & le plus preste ; le vers de huit pieds à rime plate y est manié de la main la plus légère, avec les coupures & les suites les plus habiles comme avec le naturel le plus parfait & l’habileté la plus consommée. Mais il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elles se trouvent « au milieu d’un certain nombre de poésies huguenotes du bon Marot, dans un recueil commencé en 1536 par un nommé Julyot ». Celui-ci serait-il Ferry Julyot, ce plus que méchant poëte, qui a écrit les ennuyeuses élégies de la jeune fille lamentant sa virginité perdue, auxquelles une réimpression récente a enlevé leur plus grand mérite, celui de la rareté ? Il n’importe, mais les deux Farces la Fille abhorrant mariage & la Vierge repentie, qui sont d’absolues traductions, d’ailleurs exquises, de deux des Colloquia d’Erasme, — celui de l’abbé Antronius & de la femme savante, Magdalia ; celui de la Virgo Misogamos, entre Catharina & Eubulus, le bon conseiller, — sont dans les œuvres de