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DE MARGUERITE DE NAVARRE

Marot[1]. La Croix du Maine a parlé d’une édition sans lieu ni date, mais on en connaît deux de Paris & de Lyon à la date de 1549, cinq ans après la mort du poëte (Brunet, III, 1461), & leur texte est courant depuis l’édition de Lenglet-Dufresnoy :

Qui le sçavoir d’Erasme vouldra voir,
Et de Marot ensemble la rime avoir,
Lise cestuy colloque tant bien fait,
Car c’est d’Erasme & de Marot le fait.

Il nous est donc, à notre grand regret, impossible de joindre les deux jolis morceaux de maître Clément aux essais dramatiques de Marguerite, qui n’a jamais écrit avec cette légèreté & cette souplesse.

V. Je n’ai pas à revenir sur la condition rythmique qui se retrouve dans ses Farces comme dans ses pièces pieuses. Comme les coupures des strophes sont ici typographiquement indiquées, il est inutile d’insister, d’autant plus que la qualité comique des sujets ne comportait pas autant de recherche des formes lyriques. On pourrait plutôt insister sur ce point que ce ne sont point proprement des Farces. La Farce n’est ni un débat ni une leçon ; elle s’occupe plutôt à représenter une aventure ou un caractère pris dans la peinture des mœurs de la bourgeoisie ou du peuple, & elle les fait vivre au moyen d’une action simple, unique & sans complication d’intrigues accessoires : c’est une courte comédie en un seul acte. Celles de Marguerite ne sont pas de la comédie ; ce ne sont pas non plus formellement des moralités, puisqu’elles n’ont pas d’abstractions philosophiques ou religieuses personnifiées ; ce seraient plutôt des Sotties, mais on a appelé Farces des Sotties, & l’attribution de genre importe d’autant moins qu’il faut

  1. Avec cette différence que, dans la copie de Julyot, Clément & Catherine restent les personnages des deux dialogues, tandis que, dans les textes imprimés, le second est entre l’Abbé & Isabeau.