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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

LV. — La Veuve d’un Marchant de Sarragosse interprète le testament de son mari en vendant un chat le prix d’un cheval.

À Sarragosse en Espagne. Nulle indication de date. — L.

Page 151, lignes 3-7. — Éd. de 1558 : « En la ville de Sarragoce y avoit un pauvre Marchant, le quel voyant sa mort approcher & qu’il ne pouvoit plus tenir quelque peu de bien qu’il avoit acquis avec mauvaise foy ». — L.

Page 152, ligne 18. — Éd. de 1558 : « car je surviendray à la nécessité de mes enfans ». — L.

Page 153, ligne 18. — Ms. 75762 : « & quatre vingt dis neuf pour le chat ». — L.

Pages 153-6. — Dans les éditions de 1558 & 1559 cet Épilogue a été remplacé par un autre, qui ne renferme que des réflexions banales sur l’avarice humaine & qui est plus court. Boaistuau & Cl. Gruget n’ont pas osé reproduire les opinions hardies émises dans ce passage de l’Heptaméron. – L.

Voici comment, dans l’édition de 1558, se termine l’épilogue de cette Nouvelle :

« Appellez vous », dist Guebron, « s’égarer donner son bien à l’Église & aux pauvres Mandiens ? — Je n’appelle point errer », dist Parlamente, « quand l’homme distribue aux pauvres ce que Dieu a mis en sa puissance. Mais de donner tout ce qu’on a à sa mort & de faire languir de faim sa famille puis après, je n’approuve pas cela, & me semble que Dieu auroit aussi acceptable qu’on eût sollicitude des pauvres orphelins qu’on a laissez sur terre, lesquelz, n’ayans moyen de se nourrir & accablez de pauvreté, quelquefois, au lieu de bénir leurs pères, les maudissent quand ilz se sentent pressez de faim, car celuy qui cognoist les cueurs ne peult estre trompé & ne jugera pas seulement selon les œuvres, mais selon la foy & charité qu’on a eue à luy. — Pourquoy est ce donc », dist Guebron, « que l’avarice est aujourd’huy si enracinée en tous les estats du monde que la pluspart des hommes s’attendent à faire les biens lorsqu’ilz se sentent assaillis de la mort & qu’il leur faut rendre compte à Dieu ? Et croy infailliblement qu’ils mettent si bien leurs affections en leurs richesses que, s’ilz les pouvoient emporter avec eulx, ilz le feroient volontiers. Mais c’est l’heure où le Seigneur leur fait sentir plus griefvement son jugement que à l’heure de la mort, car tout ce qu’ilz ont fait tout le temps de leur vie, bien ou mal, en un instant se représente devant eulx. C’est l’heure où les livres de noz consciences sont ouvertz & où chacun peult y