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FARCE DES FILLES

Le vous rendra si laict, si vieulx,
Que mal vous en contenterez,
Et bien souvent soubhaicterez
Estre jallouse & qu’il fust fort,
Mais plus tost trouverez la mort
Que de retourner en jeunesse.
Touteffoiz, Amour ou Vieillesse
Mectront à vostre douleur fin ;
Trompé y sera le plus fin.

La Seconde Femme.

Vous me donnez peu d’espérance.
Après une longue sousfrance
Vous me promectez un tourment,
Ou ung remède promptement,
Que mon cœur ne sçauroit voulloir.

La Vieille.

Il ne vous fault donq plus douloir,
Car j’ay dit ce qui se peult faire.

La Première Fille.

Madame, & puis de mon affaire.
Je suis bien, je m’y veulx tenir ;
Que sera ce de l’advenir ?

La Vieille.

Que ce sera ? Hellas, m’amye,
Je voy bien que ne sçavez mye
La grand’ puissance qu’a le temps.
Hau, que j’en ay vu de contans