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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/124

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C’est le Miroir où il fault regarder
Qui bien voudra du monde se garder;
C’est le Miroir auquel qui bien se mire
De tout malheur et vice se retire.
Propre et requis pour bien se cointoyer,
Et pour l’esprit de taches nettoyer.
C’est le Miroir où Princesses et Dames
Doyvent mirer et les corps et les âmes,
Comme tu fais, dont ce grant bien t’advient.
Que ton hault loz tousjours plus cler devient.
Face chasteaux qui voudra et théâtres.
Arcs triumphans, thermes, amphithéâtres,
Tours et dongeons, colosses monstrueux
D’or, bronze ou marbre, et palais sumptueux;
Tout cela tombe et déchet en ruine
Avec le temps qui toute chose mine.
Consomme et gaste, et toute œuvre de main
Va périssant du jour à lendemain.
Mais, au rebours, tout ce qui prend sa source
De l’esperit tousjours demeure, pource
Qu’il est sans fin, et volontiers advient
Que le fruit tient de l’arbre dont il vient.
Les monumens que les esprits bastissent
N’ont jamais fin et jamais ne périssent.
Eau, gresle, foudre et tempeste n’ont point,
Ny feu, sus eux de puissance un seul poinct.
Donc ces escrits surpassans ceux d’Orphée