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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/145

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Il n'est louenge telle que de DIEU mesme.

Foy avez eu sy tresferme et constante, Qu'elle a esté par la grace puissante De vous faire du tout deïfier. Parquoy ne veux cuyder edifier Louenge à vous plus grande que l'honneur Que vous a fait le souverain Seigneur : Car vous estes sa mere corporelle, Et mere encor par Foy spirituelle. Mais, en suyvant vostre Foy humblement, Mere je suis spirituellement.

Mais, mon Sauveur, de la fraternité Qu'avez à moy par vostre humilité, M'appelant sœur, en avez vous rien dit ? Helas ! ouy, car du pere maudit Avez rompu la filiation En me nommant fille d'adoption.

Or donques, puis que nous n'avons qu'un Pere, Je ne craindray de vous nommer mon frere. Vous l'avez dit en lieu bien autentique, Par Salomon, en vostre doux cantique Disant: «Ma sœur, tu as navré mon cœur, Cantique 4. Ta as navré mon cœur par la douceur D'un de tes yeux et d'un de tes cheveux.» Las ! mon doux frere, autre bien je ne veux Que, vous navrant, navrée me sentir Par vostre amour, bien m'y veux consentir.