Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/153

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Commandement DIEU par vous nous feit faire, De n'espouser fille de l'estranger ; Mais vostre espouse en prinstes sans danger. Mon frere, helas ! tant de telles paroles, Que je congnois et sçay bien estre foles, Avec Aaron (qui est mon propre sens) Je vous ay dit : dont le regret j'en sentz. Mais par grace la vive voix de DIEU Bien me reprint avant partir du lieu. Que feistes vous alors? de mon peché, Las ! mon frere, vous fustes empesché ; Non pour prier pour ma punition, Nomb. 12. Mais pour mon bien et ma remission, En demandant pour tresgrand benefice Qu'il pleust à DIEU mitiguer sa justice : Ce que du tout ne peustes obtenir, Car me convint lepreuse devenir, A celle fin qu'en voyant mon visage Chacun congnust que n'avois esté sage.

Ainsi je fuz mise, comme ladresse, Dehors du parc du peuple et de la presse : Car mieux ne peult une ame estre punie, Que d'eslongner la sainte compaignie Des vertueux, fideles, bons et saintz, Qui par peché ne sont ladres, mais sains. Mais qu'av'ous fait, voyant ma repentance ? Tost avez mis fin à ma penitence ;