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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/166

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Pour vous unir à moy contre raison, Veu qu'il n'y a nulle comparaison. Vous estes DIEU, je suis vostre facture[1] ; Mon Createur, moy vostre creature ; Bref, ne povant ce que c'est diffinir, C'est ce que moins à vous se peult unir.

Amour, amour, vous avez fait l'accord, Faisant unir à la vie la mort. Mais l'union à mort vivifiée, Vie mourant d'amour verifié, Vie sans fin à fait nostre mort vive. Mort a donné à vie mort naïve. Par ceste mort, moy morte reçoy vie ; Et au vivant par la mort suis ravie. En vous je vy, quand en moy je suis morte, Mort ne m'est plus que d'une prison porte.

Vie m'est mort ; car par mort suis vivante. Vie me rend bien triste et mort contente. O quel mourir qui fait mon âme vivre, En la rendant par mort de mort delivre, Unie à vous, par amour sy puissante, Que sans mourir elle meurt languissante.

A elle tort l'ame qui mort voudroit Pour un tel bien? nenny, elle ha bon droit Car pour avoir vie tant estimée, Philip. 1. Bien doit nommer la mort sa bien aymée.

O douce mort, gratieuse douleur,

  1. Hebr. 5.