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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/184

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Bienheureux est qui en ha tel excés Que dire peult : Mon DIEU, j'en ay assez. Qui l'ha en soy, il n'en sçauroit parler, (Craingnant partant de la laisser aller) Sinon faisant l'edification De son prochain, à sa salvation.

L'impossible me fera donques taire, Car il n'est saint sy parfait ou austere, S'il veult parler de l'amour du Treshault, De sa bonté, douceur, de ce qu'il vault, De ses graces, de ce qu'à luy sent touche, Qui, baissant l'oeil, il ne ferme sa bouche. Moy donques ver de terre, moins que riens, Et chienne morte, ordure de fiens, Cesser doy bien parler de l'altitude De ceste amour ; mais trop d'ingratitude Seroit en moy, si n'eusse rien escrit, Satisfaisant à trop meilleur esprit. Car de celer les biens d'un sy bon maistre, C'est un forfait qui assez ne peult estre A droit puny, sans l'eternel licol. Parquoy venez, ô binheureux saint Pol, Qui bien avez gousté de ce doux miel, Actes 9. et 2. Cor. 12. Trois jours sans voir, ravy j'usqu'au tiers ciel, Vueillez supplier mon ignorance et faute, Qu'avez vous sceu de vision sy haute ?

Oyez qu'il dit : O INDICIBLE hautesse, Rom. 11.