Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/22

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Valois, et continua la tradition de sa race, où l’on comptait déjà un poète d’une élégante suavité, le duc Charles d’Orléans, père de Louis XII, ingénieux prédécesseur des Villon et des Marot. Élevée par une mère spirituelle et instruite, pourvue de maîtres choisis, sous la direction de son précepteur Robert Hurault, archidiacre et abbé de Saint-Martin d’Autun, elle apprit le latin, l’italien et l’espagnol, outre les lettres françaises, et reçut plus tard du Canosse quelques leçons d’hébreu ; elle aborda même la théologie, et la philosophie des anciens ne lui était pas, dit-on, étrangère.

Simple, modeste et charmante, elle donna bien vite des marques d’une intelligence exceptionnelle. Mariée au duc Charles d’Alençon, en 1509 , elle parut en 1515 à la cour du roi son frère, né peu de temps après elle, le 11 septembre 1494. Jusque-là elle avait vécu retirée dans son duché ; alors commença pour elle une série de fêtes et d’hommages. Vers 1518, François Ier", qui l’appelait sa mignonne, et qui, sans avoir le cœur et l'esprit aussi hauts, avait comme elle le goût des arts et des lettres, lui attribua le Berry en apanage ; c’était un vaste champ ouvert à sa générosité : elle en profita. Charles d’Alençon étant mort de maladie en 1525, sous le coup de la déroute de Pavie, à laquelle il avait eu le malheur de