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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/23

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contribuer, comme il avait eu jadis la gloire de concourir au triomphe de Marignan, sa veuve se vit recherchée par de puissants personnages. Charles-Quint, après avoir paru désirer pour le connétable de Bourbon la main de la duchesse, la demanda pour lui-même à la suite du voyage qu’elle fit en Espagne, pour obtenir la liberté de son frère. Ni ce prince, ni le connétable, si fort épris d’elle, ni le roi Henri VIII, qui songeait déjà au divorce, ne devaient l’épouser[1]

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Le 24 janvier 1527 eurent lieu avec un grand éclat

  1. La France protestante fait remarquer avec raison, contre M. L. de Lincy, que Charles d’Autriche (depuis Charles-Quint) n’était qu’un enfant de sept à huit ans en 1508, époque où l’on prétend qu’ayant eu occasion d’admirer Marguerite à la cour de Louis XII, il se serait épris d’elle au point de demander sa main. On relève aussi fort justement l’erreur de M. Génin, avançant « que cette demande en mariage fut faite par Charles-Quint après être parvenu au trône des Espagnes, c’est-à-dire après 1516. À cette époque Marguerite n’était plus libre. » En effet, elle était mariée au duc d’Alençon (par contrat du 9 octobre 1509). Mais ce qui est certain, c’est que l’empereur, écrivant à Louise de Savoie, régente, dix ans plus tard, négociait pour son compte un mariage avec la duchesse veuve d’Alençon (V. Génin, ouvrage cité : Notice du Ier vol.). Et, d’autre part, François Ier , qui avait eu à se louer, dans sa captivité, des bons offices de Henri VIII auprès de l’Espagne, essaya, une fois libre, d’un projet d’union entre sa sœur et ce prince (Génin, ibid.). Déjà Henri VII l’avait demandée pour un de ses fils ; mais le grand Conseil s’y était opposé. M. L. de Lincy rejette toute idée d’union entre le connétable et Marguerite ; il ne peut nier pourtant les traces subsistantes (dans les pièces diplomatiques échangées au sujet de la délivrance du roi) d’un projet de mariage pour le connétable de ce côté des Pyrénées. Or l’empereur, quand il demanda Marguerite pour lui-même, parlant du connétable et disant qu’il y avait de beaux mariages en France, « et bien assez pour luy », semble précisément faire allusion au projet contesté par M. de Lincy. [v. Bibl. nat. Lettre 8496, fol. 13, Mss Béthune.)