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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/27

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les hôtes de Briçonnet. Déjà il avait fait censurer Le Fèvre et l’avait accusé d’hérésie. L’intervention de Marguerite sauva celui-ci. Elle fit plus. Michel d’Arande, introduit par elle dans l’intimité de la famille royale, faillit convertir aux nouvelles doctrines Louise de Savoie et François Ier, souriant alors presque ouvertement aux attaques dirigées contre la papauté. Le caractère mobile du roi et son amour effréné du plaisir, qui ne lui permit jamais de bien longues réflexions, l’empêchèrent de s’engager dans cette voie. Il faut dire aussi que, s’il se retourna brusquement contre le luthéranisme, il céda en cela aux alarmes d’une politique égoïste et aux suggestions de l’orgueil offensé par les entreprises d’un parti qui lui semblait violer la prérogative royale, et commettre envers elle, surtout depuis la journée des placards le crime de lèse-majesté.

Cependant la Sorbonne veillait, effrayée des rapides progrès du protestantisme. Antoine Papillon, ami d’Erasme, et Louis de Berquin, zélé novateur, le plus savant de la noblesse, sont arrêtés par ordre du Parlement ; la duchesse d’Alençon obtient du roi leur élargissement. Le Fèvre, sommé de désavouer ses ouvrages, est obligé de s’enfuir. Caroli, Pavanes, Mazurier, jetés en prison et menacés du feu, se rétractent. Briçonnet, faible devant le péril, monte en chaire pour se démentir publiquement. De son palais et de sa ville d’Alençon, qui lui dut le repos au milieu de la tourmente religieuse, Marguerite agit en faveur de ceux qui souffrent et combattent pour la liberté de conscience. Le luthéranisme se cache ou se dissimule, tandis que dans les murs du collège de La Marche, inconnu à lui-même et aux autres, Calvin