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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/28

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adolescent continue ses études sous maître Mathurin Cordier. Dès lors c’est une lutte incessante, dans l’ombre ou au grand jour, entre l’esprit nouveau, soutenu par Marguerite d’Angoulême, et le vieil esprit d’oppression et d’obscurantisme, incarné dans la Sorbonne.

Tout en s’occupant des affaires de l’État, la noble femme ne perd pas un instant de vue les dissidents qui tournent les yeux vers elle. Du fond de l’Espagne, où elle est allée négocier la délivrance de François Ier[1], et où elle brasse le mariage du roi prisonnier avec la reine Éléonore de Portugal, sœur de Charles-Quint, Marguerite lutte contre les fureurs orthodoxes qui entraînent Louise de Savoie, régente, à des mesures de violence, soit par suite d’un revirement de croyance, soit par calcul politique. Elle tire de François Ier une lettre au Parlement, afin d’arracher Le Fèvre d’Étaples des griffes de ses ennemis. Érasme lui écrit de Bâle pour la consoler en cette tempête de malheurs[2] . Le comte Sigismond de Hohenlohe, doyen du chapitre de Strasbourg, correspond avec elle pour tâcher de gagner le roi et le royaume aux idées nouvelles, jusqu’au mois de juillet 1526, où Marguerite lui fait savoir que la chose est impraticable. De retour près de ses amis, elle soustrait une seconde

  1. v. Brantôme (Dames illustres) au sujet du voyage de Marguerite en Espagne et de ses démarches pleines de cœur et de fine politique auprès de Charles-Quint, étonné de sa bravoure autant que de sa bonne grâce. Par lettres patentes du mois de novembre 1525, c’était à elle que François Ier conférait la régence, au cas de mort de Louise de Savoie.
  2. In hac malorum procella. (v. Ier vol. des Lettres de Marguerite d’Angoulème, Pièces justificatives, no , xii,)