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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/30

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chanoine du Tillet ; d’Angoulême, il va la visiter en Béarn. Théodore de Bèze s’est souvenu, dans son histoire, des bienfaits et des efforts de Marguerite en un temps où commençaient « tous ces feux et bruslements» dont parle Brantôme, et il la montre comme « suscitée de Dieu pour rompre, autant que faire se pouvoit », tant de cruels desseins.

Cependant la lutte continue.

Guillaume Parvi, ou Petit, évêque de Senlis et confesseur du roi, publie en français les Heures de la royne Marguerite, où l’on remarque l’omission d’un certain nombre de prières en l’honneur de la Vierge et des saints. Gérard Roussel, qui, dépouillant l’habit de moine dominicain, était allé recueillir en Allemagne les paroles ardentes de Luther, prêche dans Paris sous les auspices de Marguerite. Il organise chez elle, en Béarn, des prêches, des lectures bibliques, même des représentations théâtrales pour l’édification des spectateurs et la critique de l’Église romaine. François Ier se fâche et gronde fort la reine de Navarre ; elle lui répond en catholique, s’il faut en croire Florimond de Rémond ; pourtant cette messe à sept points qu’elle lui proposa, dit-il, paraît bien sentir le fagot. D’ailleurs, François Ier lui accorde la liberté de Roussel, un moment inquiété, et lui-même semble être ébranlé. C’est alors, en 1533, que paraît la deuxième édition du Miroir de l'âme pécheresse, ouvrage ascétique de Marguerite, « en ryme françoise », où la Sorbonne flaire un détestable parfum d’hérésie. Le clergé ne se possède plus. La sœur du roi est insultée en chaire, jouée publiquement en furie d’Enfer par les professeurs et écoliers du collège de Navarre ;