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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/31

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une commission de l’Université censure son livre. Le roi intervient pour exiger du recteur le désaveu de la commission et pour châtier les fanatiques acteurs.

Mais la visite du pape Clément VII, amenant à Marseille sa nièce Catherine de Médicis, fiancée au Dauphin, va raviver le feu des bruslements. L’évêque de Paris reçoit de François Ier des instructions formelles pour faire le procès aux coupables d’hérésie dans sa bonne ville de Paris. L’affaire des placards luthériens affichés dans les rues de cette ville et jusque dans le palais du roi, le 18 octobre 1534, précipite les choses : Marguerite ne peut détourner l’orage. Après la sinistre procession de 1535, dans laquelle le roi de France marcha derrière la Sorbonne et le clergé, le chef nu, portant une grande torche de cire, pour fêter avec pompe l’installation des potences et des bûchers où devaient périr six victimes, l’extermination des hérétiques sera prescrite par tout le royaume, et François Ier ne s’arrêtera plus dans cette voie sanglante.

En vain Marguerite lui persuadera d’écrire de sa main, avec l’évêque Du Bellay, au célèbre Mélanchthon, pour le prier de venir conférer avec les théologiens catholiques de Paris : l’électeur de Saxe empêchera, à bon escient, le réformateur de partir. Toute conciliation est dorénavant impossible. En effet, sourd à la voix des princes allemands ses alliés, François Ier multiplie les édits de proscription et les meurtres dévots. Ce n’est point assez de Berquin sacrifié, de Jean de Caturce, professeur de droit à l’école de Toulouse, jeté au feu en 1532, dans toute la force de la jeunesse. Les bourreaux ont leurs coudées franches. Les massacres de Cabrières et de Mérin-