Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/35

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la pauvre femme plia sous le faix. Marguerite n’exagérait pas, quand elle disait à son frère, en parlant de ses ennuis :


Mais s'il vous plaist y penser, mon seigneur,
Vous trouvarez que assez m’en est venu,
Trop suffisans pour tuer un bon cœur[1]

C’est qu’en effet, en dehors des exigences tyranniques de François Ier, bien des chagrins lui vinrent de ceux qui lui étaient unis de plus près, justifiant ainsi ces vers que Marot lui adressait en 1536 :


O fleur que j’ay la première servie,
Ceux que tu mis hors de peine asservie
T’ont donné peine, helas ! non desservie ;
Bien je le sçay !


Femme du roi de Navarre, Marguerite dut supporter les infidélités et les emportements injustes de son mari, qui l’aurait maltraitée, s’il faut en croire Hilarion de Coste ; mère, elle dut subir l’indifférence, la froideur de Jeanne d’Albret, pour qui elle était presque une étrangère. La mésintelligence entre les deux époux alla très- loin, envenimée par les mauvais offices d’Anne de Montmorency, et le mariage de Jeanne d’Albret avec Antoine de Bourbon[2], que Marguerite n’approuvait pas, faillit deve-

  1. V. Le Roux de Lincy, ouvr. cit. Appendice IV.
  2. La première union de Jeanne avec le duc de Clèves, union contre laquelle Jeanne protesta publiquement, n’avait jamais