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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/50

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après avoir d’abord victorieusement défendu la réputation générale de Marguerite[1] , s’est mis en tête d’incriminer les sentiments de la sœur pour le frère, de la reine de Navarre pour François Ier[2] : tristes conjectures qui ont excité et comme piqué au jeu l’esprit paradoxal de M. Michelet. Tandis que M. Génin accuse la sœur de ressentir un amour honteux, M. Michelet transforme la lettre de Marguerite, analysée par M. Génin, en arme offensive contre François Ier, et imagine un drame à deux personnages entre celui-ci et celle-là, où l’une figure comme victime de l’autre. M. Henri Martin, indécis en face de ces hypothèses, se contente de dire que si une pensée coupable se fit jour, elle ne vint certainement pas de Marguerite. N’allons pas si vite ; cette pensée qu’on discute si délibérément, où la prend-on ? Dans un billet non signé, publié pour la première fois par M. Génin, dont le style embrouillé se retrouve ailleurs, sans mystère, et dont le sens est resté vague, malgré toute sorte de gloses et de commentaires subtils. Au reste, il suffit de rappeler les arguments plus que médiocres produits par M. Génin dans le débat. Suivant lui, puisque le rondeau qui termine la lettre est d’un style pitoyable, il date évidemment des premières années de mariage de Marguerite : donc elle était alors

  1. Il lui applique cependant fort mal un passage de Brantôme cité dans les Rodomontades espagnoles (t. XII, p. 117. 1740, in- 18), où il est dit, en parlant des termes italiens et espagnols jetés dans la conversation ; et non de pratiques galantes, comme le comprend M. Génin) , qu’elle « en savoir plus que son pain quotidien ».
  2. Nouvelles Lettres de la reine de Navarre, 1842 (Supplément à la première Notice).