Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 4, éd. Frank, 1873.djvu/137

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comédie.

Et son œil à plaisir bouché
Sans pouvoir nulle beauté voir ?
Laissez luy faire son devoir,
Puis que rien ne vous diminue.
Ne craingnez point la continue,
Le temps la tournera en quarte.
N’ayez peur que tant il s’escarte
Qu’au logis groz d’enfant revienne.
Faites comme luy, qui tient tienne :
Car la loyauté vous tourmente.
S’il est Amant, soyez Amante.
Quand il n’aymera rien que vous,
N’aymez aussi que vostre espoux :
Car il vous doit servir d’exemple.
Vostre Amour est un peu trop ample,
Et n’est pas egale à la sienne.
C’est fait en Juifve ou Payenne
D’estre ainsi de son Mary serve.
Rien ne guerira vostre verve,
Que de l’aymer tout en la sorte
Qu’il vous ayme, ou vous estes morte :
Où peu, peu ou prou ; où point, point.
Et si vous ne gaignez ce poinct,
Vous ne ferez que tracasser
Cœur et corps, et membres casser.
Le temps, par qui esperez mieux,
Le vous rendra si laid, si vieux,