Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 4, éd. Frank, 1873.djvu/17

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LA PREMIERE DAME.

Qu’il vous seroit plus honneste et duisant
D’en aymer une où un propos plaisant
Puissiez trouver, qu’ainsi vous abusant
De tant cercher
Ce dont plus près ne povez approcher.
Et, congnoissant qu’il vous coustera cher,
Je ne crains point maintenant vous fascher,
A celle fin
Qu’en vous monstrant sy dangereuse fin.
Vous ne preniez pour amy ny affin
Amour qui est pour tous Amans trop fin.
Car je n’auray
Jamais repos, tant que je penseray
Qu’en vosîre cœur trop aymée seray.
Plus volontiers ma vie laisser ay
Que de sçavoir
Et par effect au vray appercevoir
Dens vostre cœur tant de mal recevoir,
Que je n’y puis, ny vous aussi, pourvoir
Sans fiction.
Bien que d’aymer ne sente passion.
Si ay je tant de vous compassion,
Que je n’ay bien ny consolation
Que de penser
De vous oster (par souvent vous tenser)
Ce fol Amour qui vous fait insenser,
Ou bien ma mort par ennuy avancer :