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LA COCHE.

Las ! en sentant de chacune d’eux l’ayse,
J’en auray plus que je n’ay de la mienne ;
Et mon Amy aussi aura la sienne,
Ne faisant riens qui bien fort ne me plaise.
Mon Amy seul, qui en vault plus de trois,
Sera des trois Amy. O quel lien,
Qui quatre cœurs unira sans moyen
Et un vouloir ! Helas ! je le voudrois,
Mais j’ay grand peur que pour ces deux folatres,
Qui sont payez trop d’une larme d’œil
Vueillent plustost ainsi mourir de dueil,
Que d’avoir mieux, tant sont opiniatres.
Puis qu’elles n’ont cure d’un tel party,
Mon cœur au leur est uny si tresfort,
Que, sans avoir esgard à peine ou mort
De mon Amy, il sera departy.
Las ! qu’il est dur ce mot à prononcer !
Laisser ainsi mon bien, mon heur, ma vie !
Helas ! Amy, à la mort te convie,
Lors qu’on t’ira cest Adieu prononcer !
Que diras tu, Amy, de ton Amye ?
Ou que l’Amour luy ha trop cher cousté,
Ou tu pourras juger d’autre costé
Qu’elle te hayt, la nommant ennemye.
Amour me met en un merveilleux trouble,
Qui d’un costé loue ma fermeté,
Et d’autre part defait de seureté