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LA COCHE

De ne partir
Hors de l’amour dont le voy departir !
Où est ['esprit comme le mien martyr ?
Il n’en est point.
Loyauté l'ha si fort en moy conjoint,
Que mon cœur sien n’est plus ; mien, c’est le poinct.
Et si mourir
Me fault sans cœur, à la mort puis courir :
Car arrachant celuy qui peult nourrir
En luy la vie,
De luy bien tost elle seroit ravie.
Las, j' aurois bien de ceste mort envie :
Mais luy en moy
Vivre me fait en tel dueil et esmoy
Qu’il me faisoit vivre d’Amour et Foy
En grand plaisir,
Durant le temps que par heureux loisir
Me racontoit son honneste desir.
Or est passé
Tout ce beau temps, où je n’ay amassé
Rien que regret et espoir que son tort
M’apportera, bien congnu par ma mort,
De tous Amans requiescant in pace.
La tierce, ayant leur gracieux debat,
Plus par ennuy que par plaisant esbat,
Dit : Je vous pry et requiers toutes deux
N’estimer tant l’une sa peur et doute,