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LA COCHE

Pourquoy la palme,
Louenge, et gloire, et renommée, et fame,
Luy doit d’amour tout homme et toute femme.
Puis que luy seul
Vous n’acceptez pour juge, dont j’ay dueil,
Vous qui avez fait ce piteux recueil
De notre histoire,
Vous en avez mieux qu’un autre mémoire,
Et n’estes pas sans quelque expérience,
Que c’est d’amour, je vous en vueil bien croire.
Or jugez nous en bonne conscience.
Je ne veux point de mon sens abuser,
Mes Dames, dis je, ains tresbien m’excuser,
Que je ne suis pour juger suffisante,
Et aussi peu à escrire duisante
Vostre debat ; mais desir de sçavoir
Tous voz ennuys, ignorant mon povoir,
Me feit soudain, sans y penser, promettre
De les escrire et dens un livre mettre.
Ma foy promise, aussi vostre priere,
Meirent ma peur et ma raison derriere.
Ceste premiere et trop fole entreprise
Veux mettre à fin ; mais, s’il vous plaist, reprise
Je ne seray de la seconde erreur,
Qui doit avoir de la premiere horreur.
Mes cinquante ans, ma vertu affoiblie,
Le temps passé, commandent que j’oublie,