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LA COCHE.

Pour mieux penser à la prochaine mort,
Sans avoir plus memoire ny remord,
Si en amour ha douleur ou plaisir.
Donques vueillez autre juge choisir,
Qui justement vous puisse satisfaire :
Je ne le puis ny ne le sçaurois faire.
La tierce dit : Dames, voicy pitié,
Quand celuy seul nous ne povons avoir
Qui est l’abyme et source de sçavoir,
Et qui congnoit la parfaite amytié.
Seure je suis que plus tost presenté
N’eust à ses yeux ce livre pour le lire,
Que tout soudain ne nous eust bien sceu dire
Qui ha le cœur de douleur plus tenté.
Son œil defait toute feintise ruse,
Son sens entend la fin de tous propous,
Et son cœur sent mieux qu’en touchant le poulx
Qui ayme ou non : bref, nully ne l’abuse.
Si nous perdons de luy le jugement,
Et de sa sœur, qui de luy doit tenir,
Et ses propos vertueux retenir,
Un autre j’ay en mon entendement.
C’est ceste là, qui n’ha gloire petite
De nostre temps, mais la plus estimée
Est et la plus parfaitement aymée,
Ce que tresbien par ses vertus merite.
Si par beauté se congnoissent les femmes,