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LA COCHE.

Ou ceste là de l’Amy delaissée,
Qui de regret importable est pressée ;
Ou l’autre qui laisse un Amy parfait
Pour ressembler et en dit et en fait
Aux autres deux et l’union tenir
Où ferme amour leurs trois cœurs fait unir.
Et ceste là se tiendra bienheureuse
Que vous direz des trois plus doloreuse ;
Et son malheur à tresgrand bien tiendra,
Quand sur les deux votre arrest obtiendra
De plus avoir qu’elles d’aspre douleur,
Ennuy, torment, desespoir et malheur.
Les deux aussi, quand jugées seront
De vostre main, bien s’en contenteront ;
Et je serai trop plus qu’elles contente
Si mon labeur, lequel je vous presente,
Vous donne autant, en lisant, de plaisir,
Qu’en l’escrivant j’en ay eu de desir.
Or le prenez, et pensez qu’il procede
De qui le lieu à nulle autre ne cede
De vous aymer. Et, attendant le bien
Que Dieu, un jour, me donne le moyen
De vous monstrer par effect ma pensée,
Je luy requiers qu’ainsi que commencée
Il ha en vous fortune si tresbonne,
Que maintenant et pour jamais vous donne
Autant de bien, d’honneur et de santé,