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LA COCHE

De fascheux mots empeschée et brouillée.
Tant que je doy, en lieu d’augmenter, craindre
La grand’valeur du propos faire moindre.
Quand est de vous, honteuse je ne suis
De vous monstrer le mieux que faire puys.
S’il y ha riens digne de moquerie,
Moquez vous en, point n’en seray marrie,
Car seure suis qu’à un second ne tiers
Ne monstrerez ma faulte volontiers,
Fors à celuy qui sur tous ha povoir ;
Envers lequel vous ferez tout devoir
De m’excuser, j’en suis bien asseurée.
Car ceste Amour, en noz cœurs emmurée,
Soit de monstrer ce livre ou le cacher,
Sera si bien qu’on ne pourra toucher
A mon honneur, qu’entre vos mains je metz,
Comme à la Dame en qui, je vous prometz,
J’ay mys cœur, corps, amour, entendement,
Où ne verrez jamais nul changement.
Parlant de moy, oublier je ne doy
Celles de qui la douleur, je le croy,
Merite bien que vous vueillez entendre
Leur passion, car elles veulent tendre
A qui aura de bien aymer l’honneur,
Et d’avoir plus dans le cœur de douleur,
Ou ceste là qui en suspens demeure
Pour un Amy chassant l’autre à toute heure,