d’Albret avec Antoine de Bourbon. Or, ce mariage fut célébré, à Moulins, en juillet 1548, et Marguerite mourut en octobre 1549. On sait que la dernière année de sa vie, elle fut prise d’un dégoût profond de toutes choses, sans en excepter les lettres et les arts. Elle a donc travaillé à ses Nouvelles depuis 1521, époque où parut cette première traduction de Boccace dont elle parle en son prologue, jusqu’à la fin de 1548 ; et la mort l’a empêchée de conduire plus loin l’ouvrage dont elle remplissait le plan à ses moments perdus.
Il résulte de tout cela que, à proprement parler, les Contes de la reine de Navarre sont encore inédits. Ceux qui s’extasient sur le style délicieux de ce livre sont les échos du xvie siècle, qui connaissait le texte original ; ceux qui l’accusent d’immoralité licencieuse sont les échos de Voltaire, qui se trompait.
Le Décaméron de Marguerite n’étant point achevé, elle ne pouvait songer à le publier. Peutêtre aussi n’eût-elle pas consenti à imprimer un livre composé sans prétention d’auteur, écrit avec une négligence intime, comme l’on dit aujourd’hui, et enfin d’un caractère si opposé à celui de ses productions avouées. Les Marguerites de la Marguerite des prin-