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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES moyens de vous en faire. Et vous plera me pardonner si pour vos subjets affectionnés je vous escrips ; mais le lieu où vous nous mettez me fait prendre hardiesse de vous parler de ceux que je voy untiles’à votre service ; car croyez, Monseigneur, que depuis que je suis par dessa, j’ay bien congnu ceux qui pour eux seulement ou pour l’amour de vous vous servent ; et n’ay tendu à aultre fin que à pacifier toutes choses particulières, pour les apprendre à n’avoir en ce temps aultre guerre que à vos ennemys, ny aultre avarice que pour vostre proufist" ; ce que je pense avoir persuadé à la pluspart de la Guienne, que l’on avoit bien mis peine pour rien de la troubler et désespérer de vostre bonté, qui maintenant est si congnue, qu’ilz n’espargneront riens pour vostre service. Et si mon ventre me permettoit d’aller coume je voudrois, je n’en ferois mains partout, car je ne puis ne penser ne vouloir que ce que je say que vous voulez, Dieu me doint tel effect que vous soyez servi selon que le desire

Vostre très humble ct très obéissante subjecte et mignonne

MARGUERITE. | Ms. n" 114.]

· Utiles, Marguerite écrit de même unzer, pour user ; don Ungues, pour don Hugues, etc. C’était apparemment la belle prononciation du temps.

? Il s’agit du refus du don volontaire que l’on exigeait de la noblesse

pour acquitter la rançon du Roi. Marguerite agissait en Guyenne, et son mari dans le Berry et le Limousin. (Vovez t. I, lett. 64, p. 255.) Elle clait enceinte de Jeanne d’Albert.