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Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/211

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DE LA REINE DE NAVARRE.

(Pau ou Nérac, novembre 1541.) Monseigneur, pour ce que le roy de Navarre vous escript bien au long par ce porteur, lequel aussy a veu et entendu tout ce qui se peult dire de ces frontieres, je m’en tairay, laissant faire cet office à ceux qui l’entendent mieux que moy, et ne feray que parler mon langaige acoustumé. Ce, sans cesser très humblement vous mercier de ce qu’il vous plest vouloir savoir comme va mon ventre, qui se grossit tousjours ; mais je [ne] puis entendre que ung enfant de Gascoingne feust si endormy que ce que j’ay dedans. Si est ce, Monseigneur, que despuis que je suis en ce lieu, je l’ay senty bouger presque tous les jours, mais c’est bien faiblement. J’ay bien eu d’aultres enfans qui estoient deux mois sans bouger ; mais ce ne sont pas ceux qui ont vescu ; combien que ma fille estoit si foible que jamais femme ne la sentit soubs la main. Par quoy, Monseigneur, je me garde le mieux que je puis soubs cete doubte, et n’y mets point tant mon esperance que le contraire me sceust donner peine ; car je seray contente de Dieu en ce monde, s’il luy plest que le roy

de Navarre et moy vous puissions faire service agréable. C’est le bien que plus que tous aultres pour cete heure desire

(Ici devait être la formule finale et la signature, mais la Reine continue.)

13 II.