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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES humblement et Dieu et vous, combien que je ne puis assez louer celuy qui conserve vostre santé sans médecine aultre que sa grace ; tellement que pour travail, ny affaires quasi importables, en lieu de diminuer, semble qu’elle se fortifie, et vous retourne la vertu et disposition de vingt et cinq ans, et donne telle prosperité à vos affaires, que de tous coustés je n’ay que Car aussitost que devaut ses yeux vint, Ses quarante ans * retournèrent à vingt. O fils heureux ! joge du jeune pére ! Souverain bien de la contente mère ! Heureuse foy, qui, après longue attente, Leur a donné le fruit de leur prétente ! Si de beauté et du nez vous ressemble, Si fera il de vos vertus ensemble, Et sera tel que vivant vostre vie Allongera ; et quand, par saincte envie, Après cent ans, donnerez vostre esprit A l’union de Dieu par Jésus Christ, Dedans ce fils, tout faict à vostre image, Demourrez vif, vivant vostre lignage. La pieuse princesse, toujours nourrie et préoccupée de l’Ecriture, termine par une imitation du cantique de Siméon Nunc dimittis : O Seigneur tout bon et tout puissant, Ce povre esprit en vieil corps languissant Laisse le aller maintenant en ta paix, Car de tel bieu et grace me repais Qu’il me suffit et de toy suis contente, De voir mon Roy grand père et moy graud tante. Plus rien ca bas ne veux et n’ay envie, Fors de sa bonne, heureuse et longue vie. (Suyte des Narguerites (1547), p. 38 et suiv.)

  • Ceci est une politesse de Marguerite à son frère : François ICT, ué ep 1494.

avait alors quarante-neuf ans.