Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
243
DE LA REINE DE NAVARRE.

me DE LA REINE DE NAVARRE. que cete fontaine de cherité, dedans laquelle le pécheur est juste, le malade sain et le mort vivant, je n’ay seu que dire, sinon en adorant la vérité, baiser la figure tant bien faite, pour l’honneur et revérence de mes deux Christs’. Hélas, Monseigneur, à moy qui, par le maindre de vos subjetz, eusse obéy à ung si

plesant coumandement, mais à tous les vostres, falloit il envoyer ung tel messaigier, qui peult tirer à luy et à vous uny en luy tous ennemis qui ne veulent aller ? Et puis j’ay trouvé dedans le paquet de Frotté une ballade si merveilleusement bien faite, que, sans offenser vos aultres œuvres, je treuve cy

les passe ; car elle est tant pleine de divinité, de foy, d’humilité et d’amour envers les vostres, que non seulement elle me donnera force de diligenter ce long chemin, mais tant de joye, que, si le desir de vous que cete

Ces deux Christ sont ceux dont parle Marguerite dans l’épître en vers qu’elle adressa au Roi à la fin de 1543. Voici le passage : Marguerite s’adresse à Dieu le père, et lui dépeignant le Roi ( Christ, oint, sacre), ajoute :

Tel est le Christ de ton Christ tant aymé, De qui tu es loué, craint, estimé. Couronne donc en luy tes vertus grandes, Et par ton Christ ottroye les demandes Que pour le mien très humblement te fais. (Suyte des Marguerites, p. 61.) Marguerite avait déjà rapproché François Ier et Jésus-Christ dans une épître envoyée au mois de janvier 1542, avec une figure de David. Voyez la lettre cvii, sur la clémence dont le Roi usa envers ceux de La Rochelle, et la note p. 202.

  • Voyez à la fin du volume cette ballade avec celle que la reine de

Navarre fit en réponse, toutes deux inédites.