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DE LA REINE DE NAVARRE.

(Janvier 1544.) Monseigneur, pour ce que tout ce que je vous pourrois escripre ne sauroit sactifaire à l’obligacion à laquelle en tant de sortes vous me reliez, j’iray moy mesmes vous en rendre les très humbles mercis ; mais ce sera avecques la millieure diligence qu’il me sera possible, coume j’ay prié le sieur de Desse vous dire, lequel m’a apporté le premier coumandement qu’il vous a pleu me fere de partir d’icy. Vous suppliant, Monseigneur, de croire que je n’attenday jamais le segond d’une chose que je desire tant. Et ne say à qui donner l’honneur de mon obéissance : ou à vostre coumandement, ou à l’envie que j’ay de vous voir ; car si je veux obéir à l’ung jusques à y perdre la vie, je ne puis longuement contredire l’aultre sans mourir. Par quoy, Monseigneur, la penitence en est telle que je ne vous demanderay point pardon de ma longue demeure, car j’en suis la plus offensée ; mais de la pitié qu’il vous a pleu en avoir, regardant plus à mon bien que à nui contentement que je vous seusse donner, vous m’avez rendue tant tenue à vous que, ayant prie ce seur messaiger de vous rendre conte de toute ina vie, et congnoissant combien je vous suis redevable, sinon d’amour (sic), je m’en voys jetter aux pieds de celuy dont il vous a pleu m’envoyer la tant belle et