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Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/272

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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES père plus de service de luy sur ma vieillesse que de nul enfant que j’eusse seu avoir. Et si la fortune m’advient, qui me sera grande, je vous en advertiray incontinent, et vous supplieray seulement pour l’esvesché

de Rhodez, esperant, Monseigneur, que vous ne voudrez mains fere pour moy maintenant que à l’heure que vous la me donnastes. Je dis à moy, pour le bien et repous que ce m’est d’y avoir ung parent qui donne ordre à mes affaires, dont j’ay tant, que je ne crains vous importuner me secourir de chose que, j’espère, sera aultant pour vostre service que pour mon bien particulier. Et quoy que je vous demande, ne quelque affere que j’aye, la fin de mon oraison ne sera sinon que vostre voulenté soit faite. Mais s’il vous plest, Monseigneur, attendre la mort et ma très humble requeste avant que d’en dispouser, vous me ferez ung bien très grant, et je prieray Nostre Seigneur le vous vouloir rendre comme le desire Vostre très humble et très obéissante subjecte et mignonne

Marguerite’. [Ms. n° 125.]

George d’Armagnac, dit Moreri, fut zélé pour la religion et ennemi des hérétiques. Et les auteurs de la Gallia christiana : « Il mit tous ses soins à garder son troupeau de la morsure des loups hérétiques, c’est-à-dire de la secle de Calvin, et il y réussit, au moins dans sa ville épiscopale. » D’où vient donc que Marguerite aimait et protégeait avec tant de chaleur un si ardent adversaire des idées de la réforme

? Pourquoi le fit-elle constammeut placer dans les emplois où il

pouvait combattre ces idées avec le plus d’avantage ? Ceux qui s’obstinent à soutenir l’hérésie iutérieure et persistante de la reine de Navarre doivent prendre soin d’expliquer cette contradiction.