Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
31
DE LA REINE DE NAVARRE.

de vous, proumeltre que maintenant ayant receu deux lectres suis remise et revenue en l’estat que vous me commandez. Çar vostre parole a tel pouvoir et effet sus mon opinion obstinée, qu’elle convertit le regret du passé en desir estresme de voir l’advenir, espérant que celui qui m’a laissée aller jusques dans l’abisme me donnera la corde pour m’en retirer, qui ne peult estre que vostre desirée deslivrance ; car je ne puis plus recevoir consolacion qui me seult toucher jusques au parfond du cœur que cete-là seule en l’espoir de laquelle vous soustenez la vie de la mère et de la sœur. Vous suppliant croire, Monseigneur, que ce qu’il vous a pleu luy mander par le mareschal’de voustre bonne santé et honneste continuel traitement, luy cousera la sienne, qui sans vous est ce que vous pouvez penser ; et se porte très bien. Et ne doubtez, Monseigneur, que passé les deux premiers jours, que la contrainte me faisoit oblier toute raison’, que jamais despuis elle ne m’a veue lerme à l’euil ny visaige triste ; car je me tiendrois trop plus que malheureuse, veu que en rien ne vous fois service, que je fusse occasion d’empescher l’esperit de celle qui tant en fait à vous et à tout ce qui est de vous. Mais tout ce que je puis penser pour luy donner recréation, croyez, Monseigneur, que je le foy ; car je desire tant de vous voir • De Montmorency ; le Roi l’avait fait mettre en liberté, et s’était chargé de payer 10000 écus pour sa rançon. (Voyez Rec. imp., t. I, p. 213 et 258.)

2 Tout le monde s’accorde à dire que madame d’Alençon n’aimait pas son mari, cependant on voit ici qu’elle l’a pleuré.