Page:Marguerite de Navarre - Nouvelles Lettres, éd. Génin, 1842.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
47
DE LA REINE DE NAVARRE.

MADRID. (Alcala, 19 novembre 1525’.) Monseigneur, ayant tousjours devant les yeux

l’estat où je vous ay lessé, il vous plera me pardonner si le desir que j’ay de savoir comme se porte votre santé ne me laisse passer ce lieu sans vous escripre ; car vous savez que loing de vous ne puis mieux avoir ; vous suppliant, croire, Monseigneur, que si vous estes bien, que tous vos amis le seront. Par quoy il vous plera prendre peine à vous divertir de penser autant de choses ennuyeuses comme l’on vous en donne d’occasion ; car je vous proumets, Monseigneur, que je tiens votre deslivrance plus brefve que je ne fis onques, vu la raison, (voire et desraison), là où vous vous mettez pour acheter le bien de la paix. Mais celuy qui en est le Dieu la vous donnera, mais qu’il vous plese en bonne foy et espoir de luy ne vous ennuyer ; et ce qu’il en viendra, soit pis ou apparence de bien, pour l’honneur de Dieu, Monseigneur, que incontinent je l’entende, pour

advancer ou retarder mon chemin ; car vous savez et sentez qui je suis et que je desire. Qui m’en fera taire, vous recommandant ce porteur, qui, j’estime, vous sera bon serviteur, par lequel j’escrips comme, s’il vous plest, voirez. Il vous dira de cette Voyez Rec. imp., t. I, lettre 37.