Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/51

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deux jeunes gens pourraient offrir d’avantageux ou de nuisible à son fils. Il se dit seulement qu’il avait sans doute intrigué Mme Emonot par l’originalité de son esprit, qu’il l’avait séduite par son caractère sympathique ; et comme il avait de lui-même une très haute opinion, il jugea que cette dame avait le goût bon, le jugement sain, était extrêmement intelligente, voire une femme supérieure, puisqu’elle avait su, du premier coup, l’apprécier !

Mme Janville parut à l’autre bout de la plage ; elle marchait vite, en jetant autour d’elle des regards inquiets et mécontents. Albert se sentit en faute, très en retard sans doute, et balbutiant un :

— Voici ma mère, — il se leva pour partir.

Mme Emonot dit :

— Voulez-vous me présenter à elle ?

Précisément, Mme Janville venait d’apercevoir son fils, et très surprise qu’il fût avec des inconnus, indécise de savoir si elle allait l’appeler ou lui faire signe, elle avait de plus en plus cet air effaré et déconcerté qui fait ressembler une mère à une poule rappelant son poussin. Albert alla à elle avec empressement, pas trop vite cependant pour ne pas compromettre sa dignité.