Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/76

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que lui réservait sa « tante », communiquait avec le cabinet de toilette de celle-ci, et de là avec sa propre chambre, tendue d’étoffe bleue et dont les fenêtres ouvraient sur la mer. Il constata, avec une joie profonde et obscure, que sa mère occupait une chambre distincte et éloignée, de l’autre côté du palier. On se souhaita le bonsoir, bougeoir en main ; il y eut diverses allées et venues, Gabrielle prêtant à sa cousine du linge et à Albert une chemise de nuit de Ferdinand, détail intime qui déplut à l’enfant et qui cependant, en vertu d’il ne savait quelle inavouable espérance, lui parut de bon augure ; on rentra enfin chacun chez soi, mais, en traversant la chambre de Gabrielle, et en portant ses regards sur le lit bas et large qu’elle allait occuper, il aperçut dans le fond la petite forme, indécise du corps de Nénette, endormie, les bras jetés autour d’un des deux oreillers.

Alors tout rêve insensé, toute confiance en l’impossible l’abandonna. Il retomba du haut du ciel à plat. Avait-il vraiment pensé que Brielle lui appartiendrait comme ça, sans hésiter, de façon toute naturelle ?

Elle l’installait d’ailleurs gentiment dans le petit cabinet, tâtant le couvre-pied, disant :