Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— J’espère que tu seras assez couvert !

Puis elle posait un bougeoir sur la cheminée, disant :

— Bonsoir, mon petit ! et se retirait, fermant la porte d’un léger verrou. Il eut envie de se ruer sur cette porte, et stupide, il se demandait s’il n’avait pas rêvé, si c’était bien vrai qu’elle se fût laissé ainsi presser dans ses bras et embrasser dans la voiture ? Fou, n’avait-il pas cru qu’elle allait s’asseoir sur le petit lit et lui mettre les bras autour du cou ! Et maintenant elle allait se déshabiller, s’endormir paisiblement ! Un vertige lui tourna le cœur ; il lui semblait qu’à travers la porte, l’odeur douteuse et pénétrante qui s’exhale de dessus une table de toilette de femme, et des flacons et ustensiles qui la chargent, lui saturait le cœur et les sens d’une volupté trouble et infinie. Si elle allait reparaître, sa toilette faite ! Hélas, il l’entendit, cette toilette, épiant, l’oreille collée à la cloison, des bruits de porcelaine et d’eau qui lui parurent charmants, riva, mais inutilement, l’œil à la serrure. Du temps s’écoula, toute clarté mourut dans la pièce de la chambre voisine ; une seconde porte se referma, et Albert, les pieds nus sur le parquet, immobile, retenait sa respiration,