Page:Mariéton - Hellas, 1889.djvu/34

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D’oliviers éternels dont la terre est couverte.
Et toujours l’olivier… et maintenant, la mer !
Immense et véhément fracas du gouffre amer !
Ô l’élément terrible où le Notus fait rage,
Où meurt le vent d’Afrique, ô l’Océan sauvage !
La côte est découpée en golfes de saphir
Où le flot tourmenté, le flot vert, vient mourir,
Calme et bleu, sous l’azur du firmament limpide !
Que ne pouvoir fixer la vision rapide
Dans sa gloire surprise et dans sa nouveauté !
Que ne pouvoir sauver ce rêve de beauté !…
Ô vision qui doit fleurir en souvenance,
Où s’unit aujourd’hui, comme en une espérance,
Au trouble du départ la douceur d’un retour,
Et dont l’éloignement va nimber le contour,
Je sens monter en moi tes effluves sereines !
Devant cet horizon, nos tourments et nos peines
Vous étaient inconnus, ô Grecs, et c’est pourquoi
Dans ce songe enchanté vous alliez pleins de foi.
En voyant la nature, en la jugeant si belle,
Vous n’avez pas pu croire à sa perte éternelle,
Et vous prouviez déjà votre immortalité,
En fixant à jamais ce rêve de beauté.