Page:Mariéton - Hellas, 1889.djvu/33

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C’est là que, rejeté par la mer furieuse,
Ulysse rencontra Nausicaa rieuse,
Que ses sages discours et sa mâle beauté
Découvrirent soudain l’amoureuse clarté
Au simple cœur d’enfant que charmait sa parole…
Et la saine douceur de cette parabole
Nous guidait, à travers le champ corcyréen,
Dans un bois d’oliviers mystique, élyséen,
Hanté depuis mille ans par les nymphes d’Homère.
Nous allions notre route en suivant la chimère
Qui des songes anciens nous rendait le contour.
L’abeille qui rôdait, bourdonnante à l’entour,
En cadence montait de l’hysope à l’yeuse,
Tandis qu’épanouie en gerbe harmonieuse,
L’asphodèle émaillait l’ombre des oliviers.
Reine de ces vallons, où songent par milliers,
Sous leur front vert, les troncs noueux et pacifiques
Et renaissant toujours de leurs sèves antiques,
L’ombre claire s’abat, sur les prés va glissant,
Et réserve un abri tiède et réjouissant
Pour la femme accroupie à cueillir les olives.
Et toujours ces vallons !… Une crique d’eaux vives
Apparaît au travers d’un taillis irréel,
L’école des cyprès qui tendent vers le ciel
Leurs mille clochetons, noirs sur la cendre verte