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Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/146

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Paul Chenavard

minables discussions philosophiques ou littéraires avec les Maîtres de la pensée moderne dont il fut l’ami et parfois l’inspirateur, enfin par des esquisses toujours achevées, rarement finies, qu’il prodiguait libéralement. Mais rarement vit-on peintre plus sévère pour lui-même. Le nombre des études et des écrits de Chenavard brûlés par lui est innombrable. Ce philosophe misanthrope ne croit jamais son rêve atteint, restant toujours préoccupé d’idéal. Il affectionne la teinte conventionnelle des fresques pour laisser à sa composition son caractère surnaturel. Et l’ironie du philosophe et du poète désillusionné réapparaît sans cesse — jusqu’à lui faire donner aux chérubins de sa Divine Tragédie les traits de la Mort, qu’il voit partout. On imagine devant ces dispositions d’esprit quelle doit être la causerie de Chenavard ! À Paris, plus d’une fois, ses dissertations défrayèrent les chroniques renommées, car plus d’un journaliste s’habituait à puiser dans ses discussions la matière de son article du lendemain. Ses