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Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/31

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Joséphin Soulary

Soulary ont une saveur, un accent de franchise qu’on chercherait en vain dans l’école contemporaine. Sa Villanelle réaliste, un chef-d’œuvre d’humour rustique, moins connue peut-être que le sonnet de Jeanne la laitière, servira de commentaire à ce que j’avance :

C’est bien fait du repos d’un gars qui s’amourache…
La chose, un soir, me vint pour la première fois,
Au coup de l’Angelus, quand le soleil se cache,
Dans la saison plaisante où fleurissent les pois.

Tu revenais de l’herbe et ramenais ta vache,
Nous cheminions ensemble au bord du petit bois ;
La rainette gloussait dans les joncs de la flache,
Et la peur d’être deux embarrassait ta voix.

Ta bête eut un écart et rompit son attache ;
Comme, en la rajustant, j’effleurais ton minois,
Je te pris un baiser. — Chut ! que nul ne le sache !

Tu m’allongeas un coup de gaule sur les doigts ;
J’en eus le bras cassé, mais l’honneur fut sans tache…
Depuis, le cœur me bat sitôt que je te vois !