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Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/48

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Joséphin Soulary

plus. L’Étain qui va suivre, est franchement d’âpre philosophie et de belle éloquence :

 
Je vous devais un chant et je vous le dédie,
Berceuses du génie, au sein maigre et flétri,
Souffrance et pauvreté, dont la main engourdie
Au gobelet d’étain nous verse un lait aigri !
 
Pâle métal, salut ! c’est toi, l’endolori !
Tu sonnes deux sous creux : misère et maladie ;
La fièvre exhale en toi son odeur affadie,
Et, comme un os froissé, tu grinces dans un cri !
 
En vain l’Esprit est fort, en vain la Chair est dure ;
Quand le maître en veut faire un docile instrument,
De la Douleur entre eux il coule la soudure ;

Et le mordant cruel s’y fixe intimement,
Faisant des trois en un ce mélange humble et triste
À qui Dieu dit : « Sois homme ! » et l’homme : « Dieu t’assiste ! »


Il est porté, malgré tout, à une subtilité excessive de l’idée, qu’il étend à l’image elle-même, mais qu’on aurait tort de généraliser.